Le peuplier
Edmond Vandercammen (1901-1980)
Le temps est-il ce peuplier
Que j’interroge à ma fenêtre ?
Comme moi, il a ses saisons,
Les songes renaissant
D’une mémoire paysanne,
Mais sa durée est compromise
Par les tempêtes enivrées
Que lui réservent les automnes.
À quelle altitude céleste
Portera-t-il le poids de ses années ?
A mon réveil je le salue :
Il me répond
Par une danse dans le vent.
Je lui propose un long voyage
Dans la campagne des ancêtres :
Il me répond par le gémissement
De ses racines fatiguées.
****************************************************
L’arbre
Nazım Hikmet
Adaptation de Francis Combes
d'après la traduction de Noëmie Cingoz
Poésies du monde, Seghers, 2003
L'arbre, on l'admire toute la nuit
Dans l'eau, c'est un cyprès d'argent
Pour Nédime, poète d'Istamboul.
Essénine de Riazan
Aime les mariées en blanc
Bouleaux tristes et mélancoliques.
Un peuplier frissonne en moi
Où que je sois j'entends sa voix
Depuis que je suis en exil.
Comme chaque arbre le peuplier
Se tient debout sa vie durant
Guettant sans répit des choses.
Il guette tout au long des routes
Les villages d'Anatolie
Durant l'été chaud et roussi.
Il m'a guetté moi aussi
Et il criait dans la nuit
Face aux grilles de la prison.
Témoin de nos déchéances
Témoin de notre malchance
Témoin de nos espoirs.
Témoin aussi de nos misères
Et du travail de la terre,
Ah ! Sacré peuplier va.
Mais chanter les peupliers,
Se contenter de les aimer
À quoi bon, mon cher pays !
Penché sur la terre noire
Essuyant mon front en sueur
Je n'ai pu planter un seul peuplier.
***************************************************************
Les peupliers d’argent
Federico Garcia Lorca
Les peupliers d’argent
Qui s’inclinent sur l’eau
Savent tout, mais ne parleront jamais.
Le lys de la fontaine
Tait sa tristesse.
Tout est plus digne que l’humanité!
Face au ciel étoilé, la science du silence
Appartient à la fleur tout autant qu’à l’insecte.
La science du chant pour le chant
Habite les bois murmurants
Et les flots de la mer.
Le silence profond de la terre qui vit,
C’est la rose qui nous l’enseigne
Au rosier épanouie.
Il faut répandre le parfum
Que nos âmes enclosent!
Il faut être musique,
Tout lumière et bonté.
Il faut s’ouvrir entier
A l’obscur de la nuit
Pour nous emplir d’immortelle rosée!
Il faut coucher le corps
Dans notre âme inquiète!
Aveugler nos regards du jour de l’au-delà.
Nous devons nous pencher
Sur l’ombre de nos coeurs
Et jeter à Satan l’astre qu’il nous tendit.
Il faut imiter l’arbre
Constamment en prière
Et l’eau de la rivière
Fixe en l’éternité!
Il faut blesser son âme aux griffes des douleurs
Pour qu’y entrent les flammes
De l’horizon astral!
Alors dans l’ombre de l’amour défait
Jaillirait une aurore
Tranquille et maternelle.
Des cités dans le vent disparaîtraient
Et sur un nuage Dieu même
Viendrait nous visiter.
************************************************************
Le peuplier de la Karlsplatz
Bertolt Brecht (1898 - 1956)
Brecht avait dédié un poème au peuplier de la place en question, miraculeusement resté debout après la guerre quand les Berlinois abattaient les arbres pour se chauffer. Ce poème était si populaire en RDA que les habitants du quartier l'accrochaient aux arbres de la Karlplatz. Début janvier, les peupliers ont été abattus, pour laisser place à des grues. Les habitants ont affiché le poème aux grilles du chantier. Au moment des grands hommages à Brecht, c'est encore une de ses empreintes qu'on efface pour faire place à la nouvelle capitale.
Ce poème figurait bien dans l'ouvrage cité (Poèmes volume 7 page 58) :
Poèmes, Bertolt Brecht, Éditeur l'Arche, 1965
Original provenant de l'Université du Wisconsin - Madison (Numérisé 10 nov. 2009)
Die Pappel vom Karlsplatz
Eine Pappel steht am Karlsplatz
Mitten in der Trümmerstadt Berlin
Und wenn Leute gehn übern Karlsplatz
Sehen sie ihr freundlich Grün.
In dem Winter sechsundvierzig
Frorn die Menschen und das Holz war rar
Und es fielen da viele Bäume
und es wurd ihr letztes Jahr.
Doch die Pappel dort am Karlsplatz
Zeigt uns heute noch ihr grünes Blatt:
Seid bedankt, Anwohner vom Karlsplatz
Dass man sie noch immer hat!
Le peuplier de la Karlsplatz
Un peuplier se dresse sur la Karlsplatz
A Berlin, au milieu du désert.
Les gens qui passent sur la place
Regardent avec plaisir son feuillage vert.
Pendant l'hiver de quarante-six
On avait froid et le bois était rare
Bien des arbres furent jetés bas
Et ce fut leur dernière année de vie.
Mais le peuplier de la Karlsplatz
Nous montre encore son feuillage vert :
Merci aux habitants de la place
Qui pour nous le conservèrent !
(Trad. Michel Cadot)
Mit seinem Gedicht hat sie Bertolt Brecht berühmt gemacht, jene Pappel die den kalten Winter 1946/47 überstand, weil Anwohner sie stehen ließen. Es war dichterische Freiheit, denn auch die Pappeln am Karlplatz wurden für Brennholz abgeholzt, doch 1949 trieben aus den Resten neue Stöcke. Brecht, der vom Fenster einer Freundin aus dieses Wunder sah, nahm das junge Grün in seine Obhut und schrieb sein Gedicht. Aus dem Karlplatz wurde bei ihm der Karlsplatz. An die Geschichte der Pappeln erinnert eine Informationstafel aus Stahl, die Freitag um 17. 30 Uhr enthüllt wird. Zwei Nachfolger der Brecht-Pappel stehen seit Anfang April wieder auf dem Platz an der Reinhardt-/Ecke Luisenstraße. "Wir sind froh, dass es nicht nur die Tafel gibt, sondern als Erinnerung auch zwei lebende Bäume", sagt Volker Hobrack von der Gedenktafelkommission in Mitte. Die knapp fünf Meter hohen Bäume auf der Rückseite des Virchowdenkmals gelten als Nachfahren der Brecht schen Pappel. Und das bereits in der dritten Generation. Ob sie tatsächlich von dem alten Baum stammen, ist nicht ganz sicher. Denn der war bereits 1954 gefällt worden, weil seine Krone die Büros einer angrenzenden Botschaft zu sehr verdunkelte. Es gibt verschiedene Überlieferungen. Er kenne die Variante, dass aus Stecklingen der Brecht-Pappel in Baumschulenweg auch neue Bäume herangezogen wurden, sagt Erich Hobusch vom Landesverband der Naturfreunde. 1979 pflanzten Schüler der Knaack-Oberschule erstmals wieder Nachfahren der Brecht-Pappel auf den Platz. Doch auch diese Bäume konnten nicht lange stehen bleiben. Als der Platz 1998 verkleinert wurde, mussten die Pappeln wieder gefällt werden. Als Glück bezeichnet es Hobusch, dass das Grünflächenamt in Mitte schon drei Jahre vor der Fällaktion Triebe von den Bäumen geschnitten hatte. Denn die Naturfreunde legten zum 100-jährigen Bestehen ihrer Vereinigung in Wien einen Wald mit 100 000 Bäume für Europa an. Und der Beitrag Berlins waren die beiden Stecklinge vom Karlplatz. "Die anderen Triebe wurden in einer Baumschule wieder zu Bäumen herangezogen", erinnert sich Klaus Model vom Grünflächenamt. Zwar wurden 1998 zur Verschönerung des Platzes beiderseits des Denkmals von einem Sponsor neue Pappeln gepflanzt, doch die seien keine echten Nachfahren des Brecht-Baumes, sagen Model und Hobusch übereinstimmend. Auf der neuen Informationstafel, werden die Daten zur Brecht-Pappel nachzulesen sein. Auch Brechts Gedicht wird darauf stehen. Natürlich mit dem falschen.
Berliner Zeitung 31/05/2002
**************************************************************
Dessous la courtine mouillée
Paul Jean Toulet
Dessous la courtine mouillée
Du matin soucieux,
Tu balances, harmonieux,
Ta branche dépouillée,
Beau peuplier qui de l'été
Fais voir encor la grâce
Pourquoi l'âge a-t-il sur ma face
Aboli ma fierté ?
************************************************************************
Printemps
Victor Hugo
Toute la lyre
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
************************************************************************
Les peupliers
Rosemonde Gérard
Les grands peupliers longent le ruisseau,
Et vont d'un air grave,
Reverdis à neuf par le renouveau
Qui fait l'air suave.
Un par un, faisant un tremblant rideau
Au torrent qui bave,
Les grands peupliers longent le ruisseau
Et vont d'un air grave.
Fiers de tout ce qui se passe là-haut
Et qu'eux seuls ils savent,
Hochent sur le ciel leur léger plumeau
Avec des airs graves...
Les grands peupliers longent le ruisseau.
********************************************************************
Peuplier
Pierre Menanteau (1895 - 1992)
Peuplier, peuplier,
Arbre si bien lié
Au moindre vent qui passe,
C'est toi, qui, le premier,
Pressentis dans l'espace
Un souffle, on ne sait quoi
Qui devance le froid.
Peuplier, peuplier,
Torche d'inquiétude
Erigée en l'été
Que ton feuillage élude,
Ne me crois pas lié
Au froid de ton aubier.
Peuplier, peuplier,
Sous mon humaine écorce
J'ai mon chaud, j'ai mon froid
Soumis à d'autres lois
Que celles qui te forcent,
O toi, si bien lié.
**************************************************************************
Dans les automnes de naguère
Maurice Carême
Dans les automnes de naguère,
J'avais des peupliers d'or fin,
De longs peupliers de lumière.
J'y pense devant les sapins
Abattus de cette clairière.
Ma petite chambre d'enfant
Ressemblait à un berceau blanc,
Un berceau étoilé de fleurs
Que mes peupliers, dans le vent,
Berçaient, berçaient durant des heures.
Mon jardin avait un rosier,
Un grand rosier rouge et tremblant
Que l'ombre de mes peupliers
Rendait plus rouge et plus tremblant.
Je m'asseyais toujours devant.
Je lisais tout : des devinettes,
Des almanachs, de vieux romans.
Les fées riaient à ma fenêtre,
Et mes peupliers, doucement,
Rythmaient les vers de mes poètes.
"Ecoute, me disait ma mère,
Les peupliers seront vendus
Si tu ne dis pas ta prière."
J'y pense, dans cette clairière,
Devant les sapins abattus.
********************************************************************
Peuplier
PAUL CELAN
(Mohn und Gedächtnis)
Propositions de traduction par Alain Suied
Peuplier, tes feuilles brillent blanc dans la nuit
Les cheveux de ma mère n'ont jamais blanchi.
Pissenlit, si verte est l'Ukraine
Ma mère aux blonds cheveux n'est pas revenue.
Nuage de pluie, menaces-tu au-dessus du puits ?
Ma mère silencieuse pleure pour chacun.
Étoile ronde, tu enroules la boucle d'or
Le cœur de ma mère fut transpercé par le plomb.
Porte en chêne, qui t'a soulevée de tes gonds ?
Ma douce mère ne peut revenir.
********************************************************************
PAYSAGE
Paul Celan
Landschaft
Ihr hohen Pappeln - Menschen dieser Erde !
Ihr schwarzen Teiche Glücks - ihr spiegelte sie zu Tode !
Ich sah Dich, Schwester, stehn in diesem Glanze.
Paysage
Vous, grands peupliers - hommes de cette Terre !
Vous, noirs étangs du bonheur - vous les avez reflétés jusque dans la mort !
Je t'ai vue, ma Sœur, te dresser dans cet éclat.
**********************************************************************
L’heure incertaine
Paul Verlaine
La lune est rouge au brumeux horizon ;
Dans un brouillard qui danse la prairie
S'endort fumeuse, et la grenouille crie
Par les joncs verts où circule un frisson ;
Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
Des peupliers profilent aux lointains,
Droits et serrés, leurs spectres incertains ;
Vers les buissons errent les lucioles ;
Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit
Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes,
Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes.
Blanche,Vénus émerge, et c'est laNuit.
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René Char
Est-ce l’abord des libertés,
L’espérance d’une plaie vive
Qu’à votre cime vous portez,
Peuplier à taille d’ogive?
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Edmond Vandercammen (1901-1980)
Le temps est-il ce peuplier
Que j’interroge à ma fenêtre ?
Comme moi, il a ses saisons,
Les songes renaissant
D’une mémoire paysanne,
Mais sa durée est compromise
Par les tempêtes enivrées
Que lui réservent les automnes.
À quelle altitude céleste
Portera-t-il le poids de ses années ?
A mon réveil je le salue :
Il me répond
Par une danse dans le vent.
Je lui propose un long voyage
Dans la campagne des ancêtres :
Il me répond par le gémissement
De ses racines fatiguées.
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L’arbre
Nazım Hikmet
Adaptation de Francis Combes
d'après la traduction de Noëmie Cingoz
Poésies du monde, Seghers, 2003
L'arbre, on l'admire toute la nuit
Dans l'eau, c'est un cyprès d'argent
Pour Nédime, poète d'Istamboul.
Essénine de Riazan
Aime les mariées en blanc
Bouleaux tristes et mélancoliques.
Un peuplier frissonne en moi
Où que je sois j'entends sa voix
Depuis que je suis en exil.
Comme chaque arbre le peuplier
Se tient debout sa vie durant
Guettant sans répit des choses.
Il guette tout au long des routes
Les villages d'Anatolie
Durant l'été chaud et roussi.
Il m'a guetté moi aussi
Et il criait dans la nuit
Face aux grilles de la prison.
Témoin de nos déchéances
Témoin de notre malchance
Témoin de nos espoirs.
Témoin aussi de nos misères
Et du travail de la terre,
Ah ! Sacré peuplier va.
Mais chanter les peupliers,
Se contenter de les aimer
À quoi bon, mon cher pays !
Penché sur la terre noire
Essuyant mon front en sueur
Je n'ai pu planter un seul peuplier.
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Les peupliers d’argent
Federico Garcia Lorca
Les peupliers d’argent
Qui s’inclinent sur l’eau
Savent tout, mais ne parleront jamais.
Le lys de la fontaine
Tait sa tristesse.
Tout est plus digne que l’humanité!
Face au ciel étoilé, la science du silence
Appartient à la fleur tout autant qu’à l’insecte.
La science du chant pour le chant
Habite les bois murmurants
Et les flots de la mer.
Le silence profond de la terre qui vit,
C’est la rose qui nous l’enseigne
Au rosier épanouie.
Il faut répandre le parfum
Que nos âmes enclosent!
Il faut être musique,
Tout lumière et bonté.
Il faut s’ouvrir entier
A l’obscur de la nuit
Pour nous emplir d’immortelle rosée!
Il faut coucher le corps
Dans notre âme inquiète!
Aveugler nos regards du jour de l’au-delà.
Nous devons nous pencher
Sur l’ombre de nos coeurs
Et jeter à Satan l’astre qu’il nous tendit.
Il faut imiter l’arbre
Constamment en prière
Et l’eau de la rivière
Fixe en l’éternité!
Il faut blesser son âme aux griffes des douleurs
Pour qu’y entrent les flammes
De l’horizon astral!
Alors dans l’ombre de l’amour défait
Jaillirait une aurore
Tranquille et maternelle.
Des cités dans le vent disparaîtraient
Et sur un nuage Dieu même
Viendrait nous visiter.
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Le peuplier de la Karlsplatz
Bertolt Brecht (1898 - 1956)
Brecht avait dédié un poème au peuplier de la place en question, miraculeusement resté debout après la guerre quand les Berlinois abattaient les arbres pour se chauffer. Ce poème était si populaire en RDA que les habitants du quartier l'accrochaient aux arbres de la Karlplatz. Début janvier, les peupliers ont été abattus, pour laisser place à des grues. Les habitants ont affiché le poème aux grilles du chantier. Au moment des grands hommages à Brecht, c'est encore une de ses empreintes qu'on efface pour faire place à la nouvelle capitale.
Ce poème figurait bien dans l'ouvrage cité (Poèmes volume 7 page 58) :
Poèmes, Bertolt Brecht, Éditeur l'Arche, 1965
Original provenant de l'Université du Wisconsin - Madison (Numérisé 10 nov. 2009)
Die Pappel vom Karlsplatz
Eine Pappel steht am Karlsplatz
Mitten in der Trümmerstadt Berlin
Und wenn Leute gehn übern Karlsplatz
Sehen sie ihr freundlich Grün.
In dem Winter sechsundvierzig
Frorn die Menschen und das Holz war rar
Und es fielen da viele Bäume
und es wurd ihr letztes Jahr.
Doch die Pappel dort am Karlsplatz
Zeigt uns heute noch ihr grünes Blatt:
Seid bedankt, Anwohner vom Karlsplatz
Dass man sie noch immer hat!
Le peuplier de la Karlsplatz
Un peuplier se dresse sur la Karlsplatz
A Berlin, au milieu du désert.
Les gens qui passent sur la place
Regardent avec plaisir son feuillage vert.
Pendant l'hiver de quarante-six
On avait froid et le bois était rare
Bien des arbres furent jetés bas
Et ce fut leur dernière année de vie.
Mais le peuplier de la Karlsplatz
Nous montre encore son feuillage vert :
Merci aux habitants de la place
Qui pour nous le conservèrent !
(Trad. Michel Cadot)
Mit seinem Gedicht hat sie Bertolt Brecht berühmt gemacht, jene Pappel die den kalten Winter 1946/47 überstand, weil Anwohner sie stehen ließen. Es war dichterische Freiheit, denn auch die Pappeln am Karlplatz wurden für Brennholz abgeholzt, doch 1949 trieben aus den Resten neue Stöcke. Brecht, der vom Fenster einer Freundin aus dieses Wunder sah, nahm das junge Grün in seine Obhut und schrieb sein Gedicht. Aus dem Karlplatz wurde bei ihm der Karlsplatz. An die Geschichte der Pappeln erinnert eine Informationstafel aus Stahl, die Freitag um 17. 30 Uhr enthüllt wird. Zwei Nachfolger der Brecht-Pappel stehen seit Anfang April wieder auf dem Platz an der Reinhardt-/Ecke Luisenstraße. "Wir sind froh, dass es nicht nur die Tafel gibt, sondern als Erinnerung auch zwei lebende Bäume", sagt Volker Hobrack von der Gedenktafelkommission in Mitte. Die knapp fünf Meter hohen Bäume auf der Rückseite des Virchowdenkmals gelten als Nachfahren der Brecht schen Pappel. Und das bereits in der dritten Generation. Ob sie tatsächlich von dem alten Baum stammen, ist nicht ganz sicher. Denn der war bereits 1954 gefällt worden, weil seine Krone die Büros einer angrenzenden Botschaft zu sehr verdunkelte. Es gibt verschiedene Überlieferungen. Er kenne die Variante, dass aus Stecklingen der Brecht-Pappel in Baumschulenweg auch neue Bäume herangezogen wurden, sagt Erich Hobusch vom Landesverband der Naturfreunde. 1979 pflanzten Schüler der Knaack-Oberschule erstmals wieder Nachfahren der Brecht-Pappel auf den Platz. Doch auch diese Bäume konnten nicht lange stehen bleiben. Als der Platz 1998 verkleinert wurde, mussten die Pappeln wieder gefällt werden. Als Glück bezeichnet es Hobusch, dass das Grünflächenamt in Mitte schon drei Jahre vor der Fällaktion Triebe von den Bäumen geschnitten hatte. Denn die Naturfreunde legten zum 100-jährigen Bestehen ihrer Vereinigung in Wien einen Wald mit 100 000 Bäume für Europa an. Und der Beitrag Berlins waren die beiden Stecklinge vom Karlplatz. "Die anderen Triebe wurden in einer Baumschule wieder zu Bäumen herangezogen", erinnert sich Klaus Model vom Grünflächenamt. Zwar wurden 1998 zur Verschönerung des Platzes beiderseits des Denkmals von einem Sponsor neue Pappeln gepflanzt, doch die seien keine echten Nachfahren des Brecht-Baumes, sagen Model und Hobusch übereinstimmend. Auf der neuen Informationstafel, werden die Daten zur Brecht-Pappel nachzulesen sein. Auch Brechts Gedicht wird darauf stehen. Natürlich mit dem falschen.
Berliner Zeitung 31/05/2002
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Dessous la courtine mouillée
Paul Jean Toulet
Dessous la courtine mouillée
Du matin soucieux,
Tu balances, harmonieux,
Ta branche dépouillée,
Beau peuplier qui de l'été
Fais voir encor la grâce
Pourquoi l'âge a-t-il sur ma face
Aboli ma fierté ?
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Printemps
Victor Hugo
Toute la lyre
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
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Les peupliers
Rosemonde Gérard
Les grands peupliers longent le ruisseau,
Et vont d'un air grave,
Reverdis à neuf par le renouveau
Qui fait l'air suave.
Un par un, faisant un tremblant rideau
Au torrent qui bave,
Les grands peupliers longent le ruisseau
Et vont d'un air grave.
Fiers de tout ce qui se passe là-haut
Et qu'eux seuls ils savent,
Hochent sur le ciel leur léger plumeau
Avec des airs graves...
Les grands peupliers longent le ruisseau.
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Peuplier
Pierre Menanteau (1895 - 1992)
Peuplier, peuplier,
Arbre si bien lié
Au moindre vent qui passe,
C'est toi, qui, le premier,
Pressentis dans l'espace
Un souffle, on ne sait quoi
Qui devance le froid.
Peuplier, peuplier,
Torche d'inquiétude
Erigée en l'été
Que ton feuillage élude,
Ne me crois pas lié
Au froid de ton aubier.
Peuplier, peuplier,
Sous mon humaine écorce
J'ai mon chaud, j'ai mon froid
Soumis à d'autres lois
Que celles qui te forcent,
O toi, si bien lié.
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Dans les automnes de naguère
Maurice Carême
Dans les automnes de naguère,
J'avais des peupliers d'or fin,
De longs peupliers de lumière.
J'y pense devant les sapins
Abattus de cette clairière.
Ma petite chambre d'enfant
Ressemblait à un berceau blanc,
Un berceau étoilé de fleurs
Que mes peupliers, dans le vent,
Berçaient, berçaient durant des heures.
Mon jardin avait un rosier,
Un grand rosier rouge et tremblant
Que l'ombre de mes peupliers
Rendait plus rouge et plus tremblant.
Je m'asseyais toujours devant.
Je lisais tout : des devinettes,
Des almanachs, de vieux romans.
Les fées riaient à ma fenêtre,
Et mes peupliers, doucement,
Rythmaient les vers de mes poètes.
"Ecoute, me disait ma mère,
Les peupliers seront vendus
Si tu ne dis pas ta prière."
J'y pense, dans cette clairière,
Devant les sapins abattus.
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Peuplier
PAUL CELAN
(Mohn und Gedächtnis)
Propositions de traduction par Alain Suied
Peuplier, tes feuilles brillent blanc dans la nuit
Les cheveux de ma mère n'ont jamais blanchi.
Pissenlit, si verte est l'Ukraine
Ma mère aux blonds cheveux n'est pas revenue.
Nuage de pluie, menaces-tu au-dessus du puits ?
Ma mère silencieuse pleure pour chacun.
Étoile ronde, tu enroules la boucle d'or
Le cœur de ma mère fut transpercé par le plomb.
Porte en chêne, qui t'a soulevée de tes gonds ?
Ma douce mère ne peut revenir.
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PAYSAGE
Paul Celan
Landschaft
Ihr hohen Pappeln - Menschen dieser Erde !
Ihr schwarzen Teiche Glücks - ihr spiegelte sie zu Tode !
Ich sah Dich, Schwester, stehn in diesem Glanze.
Paysage
Vous, grands peupliers - hommes de cette Terre !
Vous, noirs étangs du bonheur - vous les avez reflétés jusque dans la mort !
Je t'ai vue, ma Sœur, te dresser dans cet éclat.
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L’heure incertaine
Paul Verlaine
La lune est rouge au brumeux horizon ;
Dans un brouillard qui danse la prairie
S'endort fumeuse, et la grenouille crie
Par les joncs verts où circule un frisson ;
Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
Des peupliers profilent aux lointains,
Droits et serrés, leurs spectres incertains ;
Vers les buissons errent les lucioles ;
Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit
Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes,
Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes.
Blanche,Vénus émerge, et c'est laNuit.
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René Char
Est-ce l’abord des libertés,
L’espérance d’une plaie vive
Qu’à votre cime vous portez,
Peuplier à taille d’ogive?
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